Saturday, November 18, 2006

L'hallucination nationaliste

(Warning: this post is 2000 words long)

Les marchands d’opium :

La religion, aurait écrit Karl Marx, est l’opium du peuple. Quoi qu’il en soit de la véracité de cette thèse ailleurs dans le monde, elle décrit assez bien la situation des Canadiens-français pendant environ deux siècles, de la Conquête jusqu’à la révolution tranquille. La religion a servi aux élites, tant francophones qu’anglophones, à rendre la plupart des Canadiens-français insensibles au manque d’alternatives politique à leur disposition et au manque d’opportunités pour exercer un pouvoir économique. Depuis 45, voire 50 ans, la religion s’efface de plus en plus de la vie publique au Québec. Aurait-on appris à vivre sans opium, à se poser des questions difficiles sur note présent et notre avenir?

Hélas, non. Car à mesure que la mesure que la religion perdait de son importance, le Québec s’est tourné vers un autre opiacé : le nationalisme. Ayant, bon gré, mal gré, laissé tomber sa variété ethnique, c’est vers la sorte dit « civique » du nationalisme que le Québec s’est tourné. Près d’un demi-siècle après la Révolution tranquille, nous refusons toujours de faire face à nos problèmes politiques et économiques, actuels ou futurs. Nous avons, semble-t-il, mieux à faire : réclamer « l’argent d’Ottawa » qu’on va utiliser pour boucher les trous dans la toiture et les murs lentement pourrissants de notre maison et, surtout, d’autant plus que l’argent ne vient pas, exiger d’être reconnus comme « nation ».

Au Québec, l’idée ferait, nous dit-on, consensus. De Jean Charest, qui est toujours à la traîne dans les sondages malgré une opposition incompétente pour la bonne raison qu’une fois élu, il n’a jamais jugé bon d’expliquer ses politiques aux citoyens, à André Boisclair, définition vivante du mot « démagogue », en passant par Bernard Landry, incarnation même de la notion de paternalisme, nos politiciens se bousculent pour nous fournir notre dose de narcotiques. Le reste du Canada est encore hésitant, mais Michael Ignatieff nous promet, s’il devient chef du Parti libéral du Canda puis Premier ministre, une piquerie enchâssée dans la constitution. D’allégeance politique forte différente, ces hommes ont en commun une formidable arrogance intellectuelle. Ils démontrent, chacun à sa manière, une ferme conviction de pouvoir nous prêcher la vérité politique non susceptible d’être remise en question et débattue, comme un prêtre prêche la vérité religieuse. Chacun d’eux se veut marchand d’opium.

Je ne veux pas de cette drogue, de qui qu’elle vienne. En fait, je crois que le concept même de « nation » est vide de sens, et que le nationalisme, même dans sa variante dite « civique » est une idéologie périlleuse et injustifiable.

L’hallucination :

À la base de cette idéologie est l’idée mal définie de « nation ». Une nation est supposée être une communauté définie par une combinaison de facteurs tels que l’appartenance ethnique de ses membres, la langue commune qu’ils parlent, l’histoire et le territoire qu’ils partagent, des valeurs collectives qu’ils véhiculent. Tous ces facteurs ne doivent pas nécessairement être présents, et personne ne s’aventure à dire combien, ou lesquels, sont nécessaires pour qu’une communauté mérite d’être considérée comme une nation. Ce problème de définition permet aux libérateurs autoproclamés et, plus généralement, aux politiciens de toute espèce de prétendre qu’une communauté est, ou n’est pas, une nation, en fonction de leur objectif politique. Ainsi, la Suisse serait une nation, malgré ses trois communautés linguistiques bien distinctes, mais le Canada, au dire des séparatistes québécois, n’en serait pas une à cause de la prétendue irréconciliabilté de ses deux communautés linguistiques principales. Évidemment, dans un tel contexte, les discours sont dominés par des idées reçues, impossibles à confirmer ou à infirmer.

Le « nationalisme civique », dont se réclament à présent les politiciens nationalistes de M. Ignatieff à M. Boisclair, souffre des mêmes vices de définition. Bien qu’il tente de limiter le nombre de facteurs selon lesquels ont décide ce qu’est une nation, en insistant surtout sur l’importance d’une communauté de valeurs, il n’y parvient pas vraiment. Dans les « nationalismes civiques » québécois comme canadien, le territoire commun et la nécessité de défendre son intégrité sont des traits déterminants. Pour le Québec en particulier, mais aussi pour le Canada, la (ou les) langue(s) sont essentiels à la définition de la « nation au sens civique du terme». De plus, et c’est peut-être le plus grave défaut de cette idéologie, les « valeurs communes » sur lesquelles elle s’appuie, bien qu’elles puissent en apparence faire consensus, sont en réalité comprises très différemment par les membres de la « nation ». On a beau se déclarer tous en faveur de la liberté, de la démocratie, de la justice, on n’en continue pas moins à débattre farouchement de ce que « liberté » ou « justice » veut dire. Par ailleurs, si les définitions font rarement l’objet de contentieux, les grandes idées sont partagées non seulement par la plupart sinon tous les Québécois et les Canadiens, mais aussi par une bonne partie de la population de la planète. Elles ne peuvent donc pas, me semble-t-il, servir à délimiter une « nation québécoise » ou une « nation canadienne ».

À mon humble avis, cette imprécision suffit à démontrer que l’idée de « nation » est insensée. Un concept aussi fondamental ne saurait être défini avec un manque total de rigueur, selon le seul principe « you know it when you see it », d’autant plus que les gens ne s’entendent pas le moins du monde sur ce qu’ils voient. Il s’agit, en tout cas, d’une base bien peu solide pour appuyer les prétentions du nationalisme.

Or, ces prétentions sont fort ambitieuses. L’idée maîtresse du nationalisme est que les pouvoirs de l’État sont dérivés de la nation qui le constitue et doivent être exercés de façon à servir les intérêts de cette nation, qui sont distincts de ceux des citoyens. En d’autres mots, la nation doit être souveraine. Je suppose que les nationalistes québécois fédéralistes ou leurs sympathisants, tel M. Ignatieff, qui se prétendent en faveur de l’unité canadienne, limitent cette idée, et se disent être en faveur d’une souveraineté limitée à certains champs de compétence, qu’il s’agisse de ceux déjà accordés aux provinces par la constitution canadienne ou non. Une telle limitation ne me semble pas être cohérente avec la pensée nationaliste, car le retrait de certains champs de compétence à la souveraineté d’une nation qu’on considère aussi « digne » que n’importe quelle autre est tout à fait arbitraire. Cependant, cette déficience logique n’est même pas le principal défaut du raisonnement « nation – souveraineté ».

La principale difficulté de ce discours est, pour moi, d’ordre éthique. Il me semble, en effet, immoral de subordonner les droits et les intérêts d’une personne à ceux, prétendus, d’une entité, au mieux, abstraite, sinon tout simplement fictive. Or, la souveraineté de la nation implique nécessairement que les droits de la personne seront assujettis aux droits collectifs; l’intérêt individuel, à l’intérêt national. Cela me paraît, en soi, incompatible avec l’autonomie et la dignité de l’être humain. Je ne prétends pas que les droits dont un individu dispose ne doivent pas pouvoir être limités, mais ils ne devraient l’être que dans la mesure où cela est nécessaire pour assurer les droits d’autres individus puisqu’on ne peut réclamer la dignité humaine pour soi tout seul. Subordonner une personne à une abstraction me semble aberrant. Et c’est une aberration d’autant plus vicieuse que les « droits » et les « intérêts » collectifs sont nécessairement définis par des politiciens et par des prophètes auto-proclamés tels qu’un président de la Société Saint-Jean-Baptiste ou de la National Citizens Coalition. Des marchands d’opium qui décident ce que leurs clients vont voir dans leurs hallucinations.

Évidemment, ces problèmes fondamentaux n’affectent pas que le nationalisme ethnique. Puisque la « nation » civique n’est pas moins abstraite que la « nation » ethnique, subjuguer un être humain à la première est tout aussi injuste et devrait emporter les mêmes conséquences que le soumettre à la seconde. On est, tout de même, tenté de croire que les effets pratiques ne seront pas aussi dramatiques. On ne pense pas, en général, que le nationalisme civique saurait mener à des camps de concentration comme le nationalisme ethnique radical. A-t-on raison?

Les effets secondaires :

La plus remarquable démonstration des effets secondaires des hallucinations enduites par le « nationalisme civique » nous est servie à tous les jours par les Etats-Unis. Peut-être va-t-on rétorquer qu’il s’agit d’un cas extrême. Il est vrai que c’est un pays qui ne fait pas les choses à moitié, là comme ailleurs. Pourtant, avant de décider qu’il s’agit d’un cas anormal, à ne pas prendre en considération, il faut se rappeler que c’est le pays où le « nationalisme civique » fait partie de la culture politique depuis plus longtemps que n’importe où ailleurs, et qu’il pourrait donc s’agir d’un exemple parfait plutôt que d’un cas extrême. Et que, de toute façon, en temps de crise, les extrêmes tendent à devenir les moyens, pas seulement aux États-Unis.

Que les États-Unis sont un modèle de l’application de l’idéologie « nationaliste civique » me semble plutôt clair, et particulièrement depuis le début de la « guerre au terrorisme ». De plus en plus ouvert à son caractère multiethnique, largement tolérant au niveau religieux malgré les meilleurs efforts de certains de ses citoyens, c’est un pays qui depuis longtemps fonde sa mythologie d’abord et avant tout sur son « rêve américain » soutenu par certaines valeurs plus ou moins bien définies. Ceci lui a justement permis de devenir tolérant et ouvert à certains niveaux, mais ne l’a pas sauvegardé d’une intolérance parfois remarquable de ceux que ses élites définissaient comme « un-American ». Le Maccarthysme en a été un exemple bien connu.

C’est toutefois l’administration de George W. Bush, depuis le 11 septembre 2001, qui démontre peut-être le mieux jusqu’où le « nationalisme civique » peut aller. Elle a défini ce que les valeurs américaines devaient être, a rassemblé « la nation » autour de ces valeurs en profitant d’un état des esprits particulièrement susceptible, au lendemain d’une catastrophe, à l’endoctrinement, et l’a entraînée vers ses objectifs fixés longtemps à l’avance en proclamant agressivement que ceux qui n’était pas avec elle étaient contre l’Amérique. L’adhésion des Américains aux valeurs et les intérêts « nationaux » a justifié un empiètement constant sur leurs libertés individuelles, a permis de leur faire ignorer une politique budgétaire désastreuse, a rendu possible une guerre suicidaire… Elle a même fait accepter à une bonne partie d’entre eux, ainsi qu’au grand défenseur des nationalismes « civiques » canadien et québécois, professeur de droits de l’homme de son métier, M. Ignatieff, l’existence à Guantanamo de ce m’a l’air d’un camp de concentration. En voilà pour les effets secondaires de la drogue « douce » qu’est supposé être le nationalisme « civique ».

Le remède :

En résumé, le nationalisme « civique » est tout aussi injustifié et dangereux que le nationalisme « ethnique ». Les deux, après tout, sont basés sur des idées chimériques dont leurs défenseurs peuvent se servir fort habilement pour faire avaler n’importe quel mensonge, accepter n’importe quelle folie, induire n’importe quel degré d’indifférence face aux problèmes pressants. Si la dignité humaine, la liberté personnelle, la justice sociale nous tiennent à cœur, nous n’avons, je crois, d’autre choix que de rejeter le nationalisme, sous quelle étiquette qu’on nous le présente. Selon un ami nationaliste, un tel rejet ne saurait se réaliser, au mieux, que dans un avenir un lointain. Je préfère voire, je suppose, l’humanité d’un œil un plus optimiste que lui. Quoi qu’il en soit, j’aime mieux être un homme de l’avenir que du passé. Même si nous n’embrassons pas l’avenir maintenant, il n’en arrivera pas moins – mais sous une forme possiblement désastreuse. Je me permets de conclure, comme Pierre Elliott Trudeau l’avait fait dans « La nouvelle trahison des clercs », sur une citation de Lord Acton.

“Nationality does not aim either at liberty or prosperity, both of which it sacrifices to the imperative necessity of making the nation the mould and measure of the State. Its course will be marked with material as well as moral ruin, in order that a new invention may prevail over the works of God and the interests of mankind.”

Tuesday, June 13, 2006

Dion Endorsement

As I have written in my last post, I support the candidacy of Stéphane Dion for the leadership of the Liberal Party. I think Stéphane is the best candidate because his courage, committment to the Liberal party and to Canada and intelligence, not to mention honesty, are not only unmatched by any other leadership candidate, but also by any politician that I know of in Canada right now... and perhaps since many years.

I am well aware of Dion's weaknesses. His English is imperfect. He has little charisma, if any. He is perceived as too serious/not entertaining enough - he is not the master of the ever-diminishing-number-of-seconds-sound-bite. And, although I wouldn't say it's his weakness, but rather that of those who believe this, there is a part of the party that has an anybody-but-a-Quebecker attitude to the leadership contest. That such attitudes exist is, I think, a shame, because they bar consideration of a candidate who is seen as one of the most qualified even by most of those who do not endorse him.

As for Stéphane's other shortcomings, they should not, in my opinion, be seen as disqualifying him from leading our party, because they would not disqualify him from being Prime Minister, which is, after all, what we ultimately want our leader to be. His imperfect English is no more so than Jean Chrétien's - and his French is certainly better. Nore is it worse than the French of other candidates, except Bob Rae, and maybe Ignatieff, or than Stephen Harper's. His lack of charisma is, again, comparable to Harper's... and he IS passionate about what he is doing. It just takes a few minutes to notice. When the new Liberal leader is elected, I assume the voters will take some time to make up their minds on him (or her). So they should notice. A related point is Stéphane's lack of mastery of the "soundbite". I'm not sure it is necessarily a bad thing. And if it is, it can probably, to some extent, be made up for.

No other candidate can, on the other hand, make up for Stéphane's decade-long loyal and unwavering service to the Liberal party and to Canada. He tackled the toughest assignments and succeeded when everyone expected him to fail, both on national unity and on the environment. He didn't retreat in the face of the separatists' ad hominem attacks, or of the best efforts of countries opposed to Kyoto to derail the Montreal climate-change conference. On separatism especially, he convinced those who doubted, and made the fanatics show their fanaticism. That last point is important, because the Liberal Party needs a leader who will show that Stephen Harper and his party and not centre-right moderates they claim to be while using Republican-like tactics to advance far-right policies.

Before ending this already too long post, I would like quickly to raise a couple of further points. First, Stéphane Dion, of all the candidates, is the one who has given the most specific policy proposals. To give just one example, he has a plan on equalisation, and has given its details at the Leadership Forum last weekend, unlike other candidates. Second, He has the integrity required not to use the "I-wrap-myself-in-the flag" rhetoric - even though he would certainly be more entitled to do it than Michael Ignatieff, or probably just about any Canadian politician.

In short, I support Stéhpane Dion because he is much more than any other candidate, Prime Minister material. He has the substance, integrity and courage to lead our country. We should not pass up the opportunity to chose him to lead our party.

Sunday, June 11, 2006

Random Thoughts on Leadership Forum

Note: I support Stéphane Dion in the leadership race. I'll be explaining why soon - in the next few days anyway. Meanwhile, I wanted to make it clear, so that you feel free to accuse me of bias in his favour. I have not at all, however, made up my mind as to an eventual second choice, so I think I am relatively unbiased when comparing the other candidates.
Note #2: I have missed a part of the debate, but I have seen most of the 2 and a half hours.
Note #3: I realised, upon re-reading my post, that due to my rush to finish it yeasterday, it contained typing mistakes. I have corrected them now.

So there go my random thoughts on some of the candidates' performance, in no particular order:

Ken Dryden: Boring... we've been warned about that. And his French is really bad. His opening statement, though, was actualy among the best (even though you'd think that's where a boring candidate gets the best opportunity to show just how boring he/she is). I really liked his sentence "We don't write off!". An eventual campaign slogan?

Maurizio Bevilacqua: I was impressed by him. Perhaps because I didn't expect much. The emphasis on economics is welcome, because it's an important subject and no other candidate (perhaps except Scott Brison to some extent) seems to talk about it at any length. I liked his comment to the effect that we can't send soldiers to build democracy in Afghanistan after an undemocratic pseudo-debate in the House of Commons. His French is pretty good.

Stéphane Dion: He was the one who gave the most policy details whether on equalisation or foreign aid etc, if not the only one. He spoke too quickly, but it was at least partly to try to fit some substance in the 90-second speaking times. His English seems to be better than a few months ago - but that might be wishful thinking on my part. Still, it was not bad.

Bob Rae: Nice, serious, bilingual... why hasn't he become a Liberal a few years ago at least? Maybe next time...

Gerrard Kennedy: Too much of a social activist to my liking. I might not have heard correctly, but he seemed to have said (answering the EI question) something like "What's important is not access to jobs, and income, but to dignity". If he did say this, I really don't like him. Having a decent job is a big part of human dignity - at least for someone who wants to work (which most people do). Telling people "yeah you're poor, but it's ok 'cause I love and care for you" is simply hypocrite. I hope I misheard him. In any case, he's not what I want a future Prime Minister of Canada to be like. And his French is not good enough. It's not his wife that's important - it's he. And he still has a lot of work to do.

Scott Brison: Not bad... except for the NYT comment, which was really stupid... like the Blackberry gaffe. If the man has a tendency to do silly things from time to time, he shouldn't be our leader. His French is not aweful, but it's clearly unsatisfactory.

Michael Ignatieff: VERY STUPID explanation for his vote on Afghanistan. Even Brison's was better. The question was a very serious one, and a guy who is supposed to be supremely intelligent should not have been deciding it based on the reason Republicans give us because they want to avoid us to think. In general, Ignatieff has disappointed me. I knew I disagreed with him a lot, but I thought he'd still make me proud as a Liberal and as a Canadian if he became PM one day. I'm afraid I don't think so anymore.

Monday, June 05, 2006

Random thoughts on anti-terrorist operation in Toronto

Warning: I do not pretend that the following are the most important issues raised by the events. I hope they are, however, of some interest, because they have not, to the best of my knowledge, been raised by people more articulate and/or knowledgebale than I.

Random thought #1: No security certificates seem to have been needed to make the arrests. It looks like when there is a credible threat, the police has all the tools to make arrests and bring the suspects before judges, without using the certificates. So why does this aberration continue to exist? Here's an occasion for Mr. Harper to say that the Liberal government got something wrong... and be justified in saying it! But I'm not going to bet on him doing so.

Random thought #2: Speaking of Harper... He said the target of the alleged terrorist plot were Canadian values. Now isn't it extraordinary that the wannabe-terrorists would know what these are when so many law-abiding Canadians are still trying to figure it out? More seriously, this declaration is exactly the kind of truism the Right is getting us used to. Of course terrorists attack values... any terrorists do, whether Timothy McVeigh, the Red Brigades or Al-Qaeda. Yet the three don't do it for the same reasons and must probably be countered in very different ways. It would be interesting (and indeed necessary) for our leaders to be much more outspoken and forthcoming with the details, not just platitudes like "Al-Qaeda is evil" or "Saddam was a bad guy".

Sunday, May 28, 2006

Alors qu'est-ce qu'on fait (part 3)

I'm back - again. I had two chaotic weeks after getting a job as research assistant to my Constitutional law professor But I should have more free time now. If anyone was happy of my absence - good for you. If anyone was unhappy (which I doubt), I'm sorry.

In a couple of previous posts I argued that the future of the Liberal party lies neither on the Left nor on the Right. Here is, finaly a (hopefully logical) conclusion of that argument:

Being a resolutely centrist party is the best option we have – by far. Of course, that’s what the Liberal party was always supposed to be. So we might be tempted to say that since it apparently hasn’t worked the last time around, it’s become a recipe for failure. I do not think such an assessment would be right. In fact, if I think we failed in the last election at least partly because we have not been good centrists. What then, does being a centrist party mean?

Pour commencer, contrairement aux prétentions de certains idéologues de gauche ou de droite, un parti centriste n’est pas un parti sans principes ou sans idées. C’est un parti qui, s’il considère un nombre moins important de principes comme fondamentaux et non-susceptibles d’être contrebalancés par d’autres, n’est est que plus dévoué à ceux qu’il conçoit comme tels. Ces principes, pour notre parti, ont historiquement été la liberté individuelle, la justice sociale, et l’unité de notre pays.

Once those basics are firmly established, being a centrist party means having an open mind. It means having the capacity to adapt and to adopt policy ideas that are consistent with these values, if they help make better the life of individual Canadians and of the Canadian society as a whole without exerting a price too heavy for Canada’s means. A centrist party should take on such policies whatever the label that some might attach to those policies – it doesn’t matter whether a balanced budget has been called a right-wing priority or that child care might have been a left-wing one. Since they serve purposes that are greater than the scale of the traditional political spectrum, whether it be prosperity or human development, they ought to be endorsed by a centrist party, for they inevitably have some “left-wing” and some “right wing” aspects. The challenges that we used to call those of tomorrow, but which have become those of today, such as environment and economic competitiveness in a knowledge economy, are not going to be met except by policies that have, to borrow an expression from constitutional law, a “double aspect”.

Un parti centriste doit, de plus, et c’est peut-être là que nous avons surtout failli lors des années que notre parti a passées au pouvoir, donner une cohérence à l’ensemble des politiques et des idées qu’il a ainsi adoptées. Cela peut, certes, être plus difficile à faire pour nous que pour un parti qui adhère obstinément à une seule idée fixe, mais cela n’est pas impossible pour autant. Il suffit de montrer comment chaque mesure prise se rattache à nos valeurs de base telles que la justice sociale, le développement économique et l’unité canadienne et comment elle nous aidera à s’approcher de ces objectifs. Tant et aussi longtemps que ce travail est fait rigoureusement, nous ne serons pas obligés de nous limités à nous limiter à un nombre arbitraire et nécessairement trop réduit de « priorités » hétéroclites comme Stephen Harper le fait, sans pour autant être le parti désorienté que nous avons trop souvent été ces dernières années.

In short, the political centre is our party’s “home” and should remain it. Being a centrist party requires that we be rigorous and coherent, but allows us to implement policies that will actually improve people’s lives, without worrying about the way they can be characterized by those opposed to them because of some narrow ideological viewpoint. What policies will those be? That, I think, is one of the things the leadership race will have to determine, maybe the most important thing. Personally, I would very much like to see a commitment to universities – but as a university student I have to admit to a “certain” bias.

Tuesday, May 09, 2006

Harper's War

A post by Blue Grit invites us to consider Harper's views on Liberalism so as to better understand him. It is very interesting (though scary) reading, and Blue Grit is clearly correct in saying that we ought to understand the adversary to better fight him. Unfortunately, I have to admit that now I understand Harper even less than I did before. As a good neo-con, Harper is waging a war. He's the good guy fighting evil. Evil can take many forms - a bearded guy with an AK47, a Supreme Court Justice, a university professor... evil must be so powerfully confusing that it seems to me Harper is fighting the wrong ennemy.

I a way Harper is obviously right... the neo-cons are always right... in a way. Bush was right when he was saying Saddam is a bad guy, and so is Harper when he's saying that moral nihilsm, or people who don't care for values of "free and democratic societies" is dangerous.

He is right... except that he is fighting the wrong ennemy. Moral nihilists - aren't they the Bloc people his party is sleeping with? If people who draw paycheques from the parliament of a country they are set to destroy and claim to be socialists - or something like that - yet support an hard-right government are not moral nihilists, who are? And people who don't care for freedom and democracy - aren't they Harper's very own conservative friends? If people who believe their fellow human beings should be denied rights because of their sexual orientation or switch parties two weeks after an election care for freedom and democray, who doesn't?

I have suggested this in the past, and I repeat my suggestion: Mr. Harper, you should join the Liberals. That's the party fighting moral nihilists and defending freedom and democracy for every Canadian. No you won't be our leader this time around. Even Bob Rae has been a member of the party longer than you by now. But next time, after we've tought you to smile without looking like you want to eat a baby right now, we might give you a chance!

P.S. Serously though, it's true that we need to make much clearer that we have principles - and what they are.

Wednesday, May 03, 2006

Alors qu'est-ce qu'on fait? (2nd part)

Après le petit commentaire sur le budget, je reviens à mon "principal" sujet - la future direction du Parti libéral:

One thing that seems quite clear is that we cannot go back, even though behind us are 12 years of some of the best management Canada has ever seen. Yet even in management, we have had spectacular failures, one of them costing us first our majority and then the government altogether. But more importantly, we have barely taken advantage of this management to implement our vision for the country. Many would say that the Liberal party had, in fact, no vision whatsoever. While I do not think it is true, we must admit that, more often than not, we lacked the will to translate it into tangible policy (which is why it is so important that our next leader be committed to the path we shall choose for the party).

Puisque nous ne pouvons revenir en arrière, et que rester sur place, c’est nous condamner à rester l’opposition loyale de Sa Majesté pour bien des années encore, nous devons avancer. À gauche, au centre ou à droite ? Voici, réduite à l’essentiel, la question que nous nous posons.

Most leadership candidates, it seems, and many Liberals, say that we should move left. Some Liberals and liberal-leaning participants in opinion polls even advocate a merger with the NDP. The thinking is that by “uniting the left” in opposition to Stephen Harper’s Conservatives we stand a better chance of defeating them sooner rather than later. I have strong doubts about this. However, even if it could work, it would be only a short term solution, which might well have unfortunate long-term consequences.

Unir la gauche risqué bien de nous faire faire autant de pertes que de gains, même à court terme. Les gains qu’on ferait seraient limités à une fraction des électeurs du NPD, et peut-être une fraction de ceux du Parti vert. Dans les deux cas, une part considérable des électeurs et des membres ont des positions trop arrêtées ou même extrêmes pour rejoindre le Parti libéral. Or, le nombre d’électeurs de gauche n’est pas si grand – environ 25% aux dernières élections, dans des conditions peut-être idéales pour le NPD et les verts, puisque plusieurs libéraux étaient trop découragés par le parti pour le soutenir. En même temps que le potentiel de gains à gauche est ainsi limité, celui de pertes à l’aile droite du parti n’est pas négligeable. Absorber une grande quantité de membres plutôt gauchistes forcerait le Parti libéral à changer ses principes, son programme, surtout au niveau fiscal et économique, ce qui les rendrait dès lors inacceptables à une partie des membres et d’électeurs de centre-droit, par exemple à des ex-progressistes-conservateurs qui se verraient poussés, une fois de plus, dans les bras de Stephen Harper. Ainsi, même à court terme, nous avons, au mieux, peu à gagner en tentant de s’approprier la gauche tout en aliénant le centre-droit.

The long-term consequences of such an operation can be even more disastrous. Except for the people who will vote for the Bloc, it leaves a polarised political scene, in which the Conservatives can posture as the only alternative to the Liberals, and, what’s more, as a moderate one. If the Liberal party is centre-left, they will get away with calling themselves centre-right. Yet the conservative party is not, not now anyway, a centre-right party – it is a right-wing, neoconservative one. Creating a polarised, two-party system will mean allowing this lie to continue forever. Furthermore, if they are the only alternative to a more-or-less left-wing Liberals, the Conservatives will never have to moderate. Whether this will do the Liberal party good, I don’t know, though I doubt it. What I do not doubt however is that it will do Canada no good – which means we shouldn’t be encouraging such a turn of events. Therefore, going left, in my humble opinion, is a bad idea, both for its immediate consequences and in the long run.

Je ne crois pas, non plus, qu’un mouvement vers la droite soit dans les intérêts de notre parti. D’ailleurs, il n’y a pas beaucoup de candidats à la direction qui défendent cette solution à la situation. De toute façon, on n’a qu’à regarder du côté des conservateurs pour voir qu’un programme de droite n’est pas la solution aux problèmes politiques d’un parti au Canada – si c’en était une, Stephen Harper n’aurait pas besoin d’empêcher ses ministres de présenter leurs positions aux journalistes !

(à suivre)

A conservative budget?

I didn't think I'd right on the budget, since that's what almost everyone does anyway. But I want to share this little thought:

Je trouve plutôt curieux qu'un budget "conservateur" soit plein de crédits d'impôts et d'autres incitatifs pour des groupes spécifiques (étudiants, usagers de transport en commun, parents etc). Essentiellement, cela revient à encourager certains comportements au détriment d'autres, à dire aux contribuables comment se comporter - plutôt qu'à simplement leur laisser plus d'argent pour qu'ils décident eux-mêmes ce qu'ils veulent en faire! C'était pourtant l'excuse pour abolir le programme des garderies - il fallait que les gens décident eux-mêmes. M. Harper, est-ce incohérence ou hypocrisie de votre part?